C'était LE week-end de l'année !!!
Bon... je sais, ceci est un blog qui présente des photographies... mais vous ne couperez pas à un petit article sur le Festival de la Bande Dessinée d'Angoulême, que cela vous plaise ou non — désolé. Je suis tombé dans le chaudron de la bédé à la maternelle !
Ce 36ème Festival de la Bande Dessinée s'est terminé hier soir sur la révélation du nouveau président du festival. Donc, ce n'est plus un scoop, le grand vainqueur est Blutch et j'en suis très content car c'est un gars de ma génération pile-poil puisqu'il est né en 1967. Je ne connais pas trop son travail étant donné que je ne suis pas Fluide Glacial, revue à laquelle il collabore depuis une vingtaine d'années, mais j'ai bien apprécié les divagations oniriques surprenantes de l'album Vitesse Moderne et j'ai souri à la lecture de Tu es malade Sunnymoon. Blutch a une grande aisance graphiquement parlant, ne serait-il pas un peu virtuose du pinceau ainsi que du fusain ou de la plume ? Je suis toujours impressionné par cette apparente facilité, on a l'impression que ses planches sont bouclées d'un premier jet et d'un coup de poignet alerte, assez travaillées certes mais pas préparées, le trait est vivant, vibrant, chaleureux, tonique. Dans son monde, humour et noirceur sont entremêlés (ou alternent car sa palette émotionnelle est large en vérité) dans une zone à la frontière d'une réalité quotidienne et du rêve. Il est responsable des horribles séquences chiens de l'excellent film Peurs du Noir. Vous n'avez pas vu ce dernier ? Réparez vite cette lacune : c'est un très beau film d'animation pour adultes auquel ont participé une incroyable tripoté d'auteurs de bande dessinée et de graphistes fameux comme Charles Burns, Lorenzo Mattotti, Marie Cailloux et bien d'autres.
Je ne vous cache pas que je préfère Blutch aux deux compères qui l'ont précédé au poste de président du festival, Dupuy & Berberian (ce dernier croisé deux fois ce week-end) dont le travail m'est totalement étranger mis à part quelques illustrations sympa par-ci par-là. Mais je n'ai jamais rien pipé à M. Jean, Boboland ou à Henriette, ça ne m'a jamais fait rire ni même sourire. Je trouve leur trait et leurs personnages fades, sans relief. Je dois être un peu stupide... cet univers, je le répète m'est totalement étranger, impossible de m'identifier, je ne vois pas ce qui est censé faire rire. Mystère ! Je serais bien incapable de juger leur travail, en fait, ça ne me touche pas.
Oh ! Mais Blutch ne fait pas que de la bande dessinée, un point commun avec ses collègues Dupuy & Berberian (l'autre point commun serait le côté autobiographique), il a aussi publié des recueils de dessins (sans intention narrative) comme Le Cavalier Blanc, c'est assez intéressant.
Sinon, apparemment, la bande dessinée échapperait à la crise, les ventes d'albums auraient grimpé par rapport à l'année précédente. Comme quoi, avant de penser aux produits de première nécessité, le consommateur a peut-être besoin avant toute autre chose d'un peu d'évasion ? Semblant d'évasion que pourrait lui fournir la lecture d'illustrés pour la jeunesse. Notez que 4700 titres ont été publiés en 2008. D'ailleurs, nous finissons par être écœurés au milieu de tous ces stands, de tout cet étalage de bédés, comment se repérer ? comment faire des découvertes excitantes dans toute cette profusion éditoriale ?
Une journée pour faire le tour du festival, c'est peu et j'ai raté pas mal de choses. Enfin, j'aurai découvert la bande dessinée flamande, qui, fort étrangement peine à percer hors de son territoire. Pourtant, en dehors des Kinky & Cosy ou Plunk, bédés drôlatiques qui marchent chez les francophones, il y a une fouletitude d'auteurs étonnants aux styles variés chez ces flamands, ça me rappelle un peu l'effet de la découverte de la bande dessinée espagnole dans les années quatre-vingt. Passionnant !
Une expo consacrée au Lucien de Margerin m'a plongé dans mes années collège et lycée, quand nous découvrions la revue Métal Hurlant à son apogée — puis très / trop vite sur son déclin... Je me suis tapé une bonne rigolade en découvrant les originaux de planches archi-connues de moi, mais... je ne m'en lasse pas !
Ah ! J'en vois un qui s'intéresse à ce que je dis ! Bravo ! et merci ! Mais attention ! j'ai pas fini !